Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/45

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tenait de débarrasser greniers et granges de l’engeance des rongeurs. Aussi dans la contrée disait-on souvent, en parlant de Cretel, « le charmeur de rats ».

On racontait d’étranges histoires à ce propos. On avait, des nuits, rencontré le « groumacien » chassant devant lui des légions de ces quadrupèdes voraces, qu’il dirigeait sur l’une ou l’autre cense. On citait tel et tel chez qui, pour se venger, il avait ainsi conduit les funestes visiteurs. On se signait en parlant de cela, les soirs, à la veillée. Quand dans les métairies apparaissait le fléau, on offrait au sorcier de grosses rémunérations pour obtenir son intervention.

Le « charmeur de rats » devint ainsi une puissance dans le canton : on le craignait. Je n’ai pas oublié la terreur qu’il nous inspirait quand, enfants, nous voyions son grand corps osseux se silhouetter au tournant d’un chemin ou que, soudain, surgissait au-dessus des haies, sa figure ridée avec les mèches débandées de ses cheveux blancs et ses yeux aux regards durs et méchants...

Sans doute il avait conscience de la crainte mystérieuse que les imaginations populaires avaient créée autour de lui. Il exploitait cette