Bientôt, dès qu’on a dépassé la modeste église, qui se dresse, sombre et décrépite, sur une place nue et caillouteuse, le sol va se déprimant, Les maisons plus basses et plus rares, semblant se cramponner au coteau, s’éparpillent grimaçantes avec leur panache de fumée, jusqu’au bord de la Burdinale, qui coule là, tout au fond du vallon, et fait tourner la roue d’un vieux moulin rencontré en les prés.
A l’Ouest aussi, du côté d’Otape et de Vesoule, le plateau s’abaisse graduellement pour former un creux de terrain profond et étroit, avec, sur la paroi la moins escarpée, une suite d’agrestes habitations : c’est le hameau de Prâle, mystérieux et triste.
C’est là que Jacques Janlet était né.
Il avait poussé au tournant de la flexueuse ruelle, dans l’étroite et antique maisonnette couverte de chaume, entre son père et sa mère.
Son père, robuste travailleur que le hâle avait bronzé, qui, l’été, fauchait par centaines les blondes gerbes et qui, l’hiver, martelait de son fléau l’aire des granges poussiéreuses.