Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/59

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Sa mère, que les lourdes charges avaient déhanchée, qui, pour nourrir « Morette », leur vache, « grattait » du matin au soir, – pauvre créature sèche et dolente, dont la figure semblait ne plus vivre que par les yeux, presque intelligents avec des regards de résignation.

Jacques était l’unique enfant des Janlet, venu tardivement pour recueillir les trésors de tendresse, qui se cachaient sous la rudesse rustique des vieux. Et, au commencement, ç’avaient été, les soirs, d’interminables caresses prodiguées à leur « fi », qui se trémoussait entre les mains calleuses du moissonneur.

Puis le garçonnet apprit à marcher ; ce fut pour la mère un sérieux débarras ; et, pour lors, la belle « Morette », l’orgueil de ce ménage de simples, fut de nouveau choyée, comme auparavant.

Jacques, lui, s’éleva tout seul, sous la cuisson estivale et sous les frimas de l’hiver, – vrai enfant de la nature, en ce coin borné par l’horizon tout proche.

On le voyait flâner le long des haies ombreuses du Prâle. Il passa bien des heures, le dos au soleil tiède de mai, affectionnant les bains de poussière au bord du chemin !