Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/62

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proche, pendu de l’autre côté de la colline. Quand souffle le vent d’Est, les cloches de Marnève mêlent leurs voix plus métalliques au pieux chant de leurs sœurs et la traînante symphonie plane pendant quelques instants au-dessus de la vallée, avec d’étranges sonorités, qui s’alanguissent dans les buissons et se perdent dans les grands peupliers.

Souvent, quand, à l’heure où la brume assombrit les lointains, le père Janlet rentrait, les membres brisés par l’ahan de la moisson, il trouvait son Jacques toujours assis au pied du « thier » roide, semblant vissé au sol dur, comme grisé d’oxygène et rêvant devant les figures fantastiques que le crépuscule dessine.

Ainsi grandissait ce jeune et libre paysan, s’identifiant avec cette terre aux aspects multiples et imprévus, qui porte l’empreinte encore fortement accusée des cataclysmes de jadis, avec cette terre encore palpitante des grands drames de la nature, – merveilleux et étrange assemblage de vallées douces, de plateaux gris-rose, de monticules fauves, de ravins mystérieux et pleins d’attirance.

Oh ! la poésie de ces contrées wallonnes, –