Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/77

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Sa mélancolie s’aggravait encore des vagues et angoissants désirs, qu’apporte cet âge où s’allument aisément les sens. C’était chez ce nerveux, à certaines heures, des échappées douloureuses d’expansions longtemps contenues, des liquidations d’exubérance accumulée.

Ce qui devait arriver arriva. Jacques Janlet devint amoureux. Il aima passionnément, éperdument : il se donna tout entier, sans raisonner, sans réserves.

Une Wallonne de Liège, qu’il avait rencontrée, exilée, comme lui, « chez les Flamands ». Le hasard les avait rapprochés, lui, pauvre dépaysé avec du vague à l’âme ; elle, provocante en sa fraîche jeunesse et cherchant, le jour, parmi la foule, l’Aimé inconnu, qui passait en ses songes, la nuit.

Yvonne était brune, d’une carnation remarquablement délicate – éclat éphémère et souvent aussi cruel présage ! Elle avait des yeux pers qui se veloutaient délicieusement, quand son regard s’adoucissait pour le rire ou la caresse.

Elle était employée dans un grand magasin. Après avoir trimé de huit heures du matin à neuf heures du soir, elle s’envolait preste et prête à