Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/78

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rire, oubliant la fatigue et les gronderies des maîtres ; elle folâtrait par les grandes artères avec les amies, et, enfin, regagnait sa chambrette bleue et sa couchette blanche, pour dormir et rêver.

Ce cœur, tout neuf pour l’amour, rencontra celui de Jacques, battant fort, tout grand ouvert pour recevoir la passion qui lui manquait et qui donnerait un but à cette pauvre vie désemparée.

Du jour où il connut Yvonne, Jacques devint un autre homme.

Ce sensitif avait trouvé une âme capable de faire vibrer son âme, qui ne résonnait plus à nul effleurement, depuis le départ du Prâle. Cet assoiffé d’émotions intimes et vives se sentait dévoré soudain de toutes les ardeurs de son amour juvénile.

Ils vécurent, elle et lui, pendant six mois, dans un rêve délicieux. Il venait, chaque soir, la cueillir, à l’heure de la sortie des placeuses. C’étaient des flâneries par les boulevards ou le long des quais. Ils portaient leurs pas lents jusque dans les faubourgs, s’attardant en d’interminables bavardages, parfois aussi se taisant, s’écoutant respirer.

Le dimanche, le Bon Marché fermait ses portes