Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


4. — M. l’abbé de La Porte[1], auteur de l’Observateur Littéraire, succombe enfin, faute de débit. En vain comptait-il parmi ses souscripteurs les plus illustres personnages : en vain M. de Voltaire l’avait-il encouragé par ses éloges et par sa correspondance : le libraire a déclaré ne pouvoir plus suffire aux frais de l’impression et ce journaliste discontinue, à commencer de cette année. On ne peut s’empêcher de convenir qu’il n’ait le talent de faire un extrait, surtout quand il est question d’un ouvrage profond et raisonné ; mais il règne dans son style une certaine pesanteur, peu propre à lui concilier le grand nombre des lecteurs. Cette retraite est d’autant plus fâcheuse, que ce journaliste tenait en échec celui de l’Année Littéraire[2]. Tous deux amusaient le public impartial, par leurs débats burlesques. Il est à craindre que le dernier ne se prévale de son triomphe, et n’affecte le despotisme de la république des lettres.

5. — On se communique sous le manteau de petits vers polissons de M. l’abbé de Voisenon[3] à madame la marquise de Pompadour. Ils ont été présentés au nom de M. le maréchal prince de Soubise, qui avait fait présent à cette dame d’un anneau de diamans. Ces agréables ordures ont plu infiniment à la cour, et tirent encore un plus grand mérite du mystère avec lequel cela se communique : si cette gentillesse se répand à un certain point, on la hasardera ici.

  1. Joseph de La Porte, né à Béfort en 1713 mort à Paris, le 19 décembre 1779. L’Observateur Littéraire, commencé en 1758, forme dix-huit volumes in-12. — R.
  2. M. Fréron
  3. Claude-Henri Fusée de Voisenon, né le 8 janvier 1708, mort le 22 novembre 1775. Madame la comtesse de Turpin, légataire des manuscrits de