Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/432

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
JUILLET 1765

pages, signée par un grand nombre de religieux de Saint-Germain-des-Prés et autres. Elle paraît être l’ouvrage des plus savans de l’ordre. Ils se plaignent sommairement d’être astreints à des pratiques minutieuses, à des formules puériles, à une règle gênante et qui n’est d’aucune utilité à l’État. Ils demandent à n’être plus tondus, à faire gras, à porter l’habit court, à ne plus aller à matines à minuit, etc., en un mot, à être comme séculiers. Ils prétendent la réunion des petites maisons en grandes, et se regardent dès lors comme plus en état d’être utiles au public. Ils offrent d’instruire et entretenir gratis soixante gentilshommes. Cette Requête fait grand bruit.

2. — On voit dans le commencement du Mercure de juillet une correspondance entre M. Vernes, ministre du saint Évangile, et le fameux J.-J. Rousseau. Celui-ci avait paru regarder le premier comme auteur du libelle intitulé Sentimens des Citoyens[1]. Ce ministre a envoyé à M. Rousseau une rétractation authentique à laquelle ce dernier a répondu laconiquement, et comme n’étant pas persuadé. Réplique de M. Vernes, etc. Il résulte de ce commerce que celui-ci a fait tout ce qu’il a pu pour se réconcilier avec l’autre, qui s’est toujours refusé aux différens termes d’un accommodement. On ne peut connaître le fond de ce procès, et quelles raisons rendent M. Rousseau si récalcitrant.

3. — Un théologien a dénoncé la Gazette Littéraire à M. l’archevêque de Paris comme un ouvrage tendant à établir la tolérance, à favoriser les progrès de l’incrédulité. M. l’abbé Morellet, prenant en main la cause des auteurs de cet ouvrage périodique, a fait des Observa-

  1. V. 16 janvier 1765. — R.