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MÉMOIRES SECRETS

Ier Août. — Nous avons rendu compte, à l’article du 7 mai, des différens troubles survenus à Neufchâtel, à l’occasion de J.-J. Rousseau et des persécutions qu’y essuyait cet homme extraordinaire ; nous avons ajouté que le conseil de Neufchâtel avait décidé en sa faveur. On vient d’imprimer les pièces originales de ce procès, où l’on voit toutes les manœuvres sourdes et insidieuses, conduites par une vengeance réfléchie qui arme le fanatisme en sa faveur. Cette brochure est terminée par un rescrit de S. M. le roi de Prusse au conseil de Neufchâtel, daté de Berlin le 21 mai 1765. Ce prince ferme et judicieux, en ordonnant un silence général, témoigne le mécontentement le plus sage « du zèle amer d’une piété intolérante. »

2. — M. Bret n’est point resté dans le silence à l’occasion du crime de plagiat dont l’accuse M. d’Arnaud[1]. Sans donner aucune preuve, il s’en tient à l’assurance positive qu’il fournit de n’avoir eu nulle connaissance de la comédie de l’accusateur, ni de sa publicité. Il reproche à M. d’Arnaud de n’avoir pas plutôt fait valoir ses craintes paternelles dans le temps des représentations du Faux Généreux et surtout lors de l’éloge flatteur que M. Diderot a fait dans une de ses Poétiques du coup de théâtre dont il s’agit. Il finit par demander pour lui l’indulgence qu’il prétend avoir pour M. d’Arnaud, en croyant qu’il ne doit sa scène à personne, et par exalter le ton de décence et de sagesse avec lequel M. d’Arnaud l’attaque. On voit tout cela dans une lettre de cet auteur à M. Fréron, en date du 8 juillet[2].

3. — Messieurs de l’Académie Française ont décidé

  1. V. 11 juin 1765, — R.
  2. Année littéraire, tome IV, page 353. — R.