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JUILLET 1765

Sublime dans un art qu’elle sembla créer,
On pourra l’imiter, mais qui pourra l’atteindre[1] ?

30. — À l’occasion de la pièce de Britannicus, que les Comédiens Français ont jouée depuis peu, un homme d’esprit a fait une observation judicieuse. Il prétend que Narcisse, confident du jeune prince, avait été l’auteur de la mort de Messaline, femme de Claude et mère de Britannicus[2] ; que ce fait ne pouvait être ignoré de ce dernier, et que c’est par une distraction ordinaire aux plus grands hommes que Racine fait jouer à ce scélérat un rôle qu’il ne pouvait remplir, d’après un fait aussi historique ; qu’on répugne à lui entendre dire par le prince : « Je fais vœu de ne croire que toi. » Cette remarque est d’autant plus singulière, que depuis plus de quatre-vingts ans que Britannicus est au théâtre, personne ne l’a faite.

31. — L’esprit des Magistrats philosophes, ou Lettres ultramontaines d’un docteur de la Sapience à la Faculté de Droit de l’Université de Paris.

On lit dans l’Avis de l’éditeur, ou soi-disant tel, l’objet de cette Brochure en faveur de la feue Société. C’est un vrai libelle contre M. Joly de Fleury. L’auteur s’y propose de n’y pas traiter avec plus de ménagement M. de Montclar, relativement à ses réquisitoires, dans les lettres suivantes. La préface qui précède cette première lettre sur l’arrêt du parlement de Paris du 11 février 1765, est remplie de sarcasmes contre la magistrature en général, qu’elle taxe de s’arroger tous les droits du sacerdoce. Cet écrit ne peut manquer d’être flétri.

  1. Ces vers insérés dans le Mercure de France, juillet 1765, — p. 76, y portent la signature Polier. Mel. Past. Arc. — R.
  2. Narcisse avait paru, dans la suite, s’attacher au parti de Britannicus. Voyez Tacite, Annal, lib. XII, cap. 65. — R.