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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/192

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MÉMOIRES SECRETS

Il était peintre du roi, garde des plans et tableaux de Sa Majesté.

6. — L’excessive licence qui règne depuis quelque temps sur les matières les plus respectables, est portée à son comble. On voit journellement les écrits les plus répréhensibles, revêtus du sceau de l’immortalité par la voie de l’impression. Tels sont les Doutes sur la religion, suivis de l’Analyse du traité théologi-politique de Spinosa, par le comte de Boulainvilliers[1]. Il y a tout lieu de présumer que ce dangereux et criminel ouvrage est plus celui d’un auteur vivant, que du feu comte, sous le nom duquel on le met.

13. — On montre clandestinement une gravure très plaisante. Elle représente un homme portant une hotte sur ses épaules : il tient à la main une canne à bec de corbin et cherche dans les ruisseaux et dans tous les tas d’ordures. Du bout de son bâton sortent des rouleaux de papier intitulés : Arrêts du conseil. Il a des lunettes sur le nez et paraît avoir la vue fort courte. Au bas est écrit : au grand chiffonnier de France. On devine facilement quel ministre caractérise cette charge. La figure d’ailleurs est fort ressemblante : c’est M. de L’Averdy, controleur-général.

14. — L’Académie royale de Musique a mis hier sur son théâtre des Fragmens nouveaux, précédés du prologue des Amours des Dieux[2]. Ils forment deux

  1. Londres, 1767, in-12. Le premier de ces ouvrages est attribué à Gueroult de Pival, ancien bibliothécaire de la ville de Rouen. L’un et l’autre ont été reproduits, à quelques différences près, sous le titre de Doutes sur les religions révélées, adressés à Voltaire, par Émilie Duchâtelet ; ouvrage posthume. Paris, 1792, in-8° de 72 pages. — R.
  2. De Fuzelier. — R.