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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/402

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MÉMOIRES SECRETS

Unissent leurs efforts pour charmer ce monarque ; Il les trouve partout aussi vains que trompeurs ; Et sur le front royal l’ennui mortel se marque. Enfin, las de trouver tant de fleurs sous ses pas, Et tant de jolis vers qu’un Danois n’entend pas, Dans les bras du sommeil l’infortuné se plonge. L’auguste Vérité lui dit ces mots en songe : « Ami ! chez les Français mille vers séducteurs DévoFont payer cher leur existence, Tu répands ton argent et ramasses des cœurs : C’est bien fait ; mais le Nord gémit de ton absence. Un père vertueux quitte-t-il ses enfans ? Tu cherches le bonheur : ah ! connais mieux ton être ; La vertu le promet à des travaux constans : Les rois ne sont heureux, ne sont dignes de l’être, DévoQue quand leurs peuples sont contens. » À ces mots Christian, ennuyé de plus belle, S’éveille en appelant tout son monde à grands cris : « Partons, dit-il, partons ; mon trône me rappelle : Autant vaut m’ennuyer à ma cour qu’à Paris. »</poem>

Ier Février. Il se répand une Lettre de M. de ***, conseiller au Parlement de Rouen, à M. de M***, premier président, en date du 26 octobre 1768. Elle roule sur la Lettre de la chambre des Vacations du Parlement de Normandie au roi, pour le supplier de pourvoir incessamment à l’approvisionnement de la ville. Elle la représente comme un assemblage de préjugés, d’assertions, de protestations et d’erreurs, fruit de l’imagination échauffée de quelques particuliers, et capable de déshonorer le corps entier, s’il ne le désavouait pas. L’auteur, qui est sans doute un économiste enthousiaste, relève, çà et là, quelques phrases de cette lettre, qu’il combat par des raisonnemens vagues, aussi aisés à réfuter que ceux qu’il veut détruire, et qui ne portent pas sur des faits plus