Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
MÉMOIRES SECRETS

9. — On a parlé plus d’une fois de l’ardeur du public pour courir aux tréteaux de Nicolet, des extases qu’occasionait son singe, et combien les femmes de la plus grande distinction raffolaient de ses indécentes parades. Les Comédiens Italiens se sont trouvés honteux d’une pareille préférence. Arlequin a souvent frondé ce mauvais goût ; la majesté du cothurne en a encore plus été blessée, et les Comédiens Français s’étant joints aux farceurs ultramontains, après différentes restrictions obtenues de la police contre l’histrion des Boulevards, ils viennent tout récemment de faire absolument interdire la parole au sieur Nicolet, ainsi qu’au sieur Taconet, auteur et acteur de cette troupe ; il est réduit à présent à la pantomime. Il a heureusement de quoi se moquer des deux troupes, et l’on assure qu’il a gagné plus de cent mille écus depuis très-peu d’années.

10. — Les curieux, les oisifs, et les gens de ce pays-ci, qui ne respirent que les fêtes et le plaisir, se plaignent de la lenteur avec laquelle le nouveau Wauxhall de Ruggieri se conduit et s’achève ; ils trouvent déjà bien des jours précieux de perdus. Mais la magnificence, le luxe et le goût avec lesquels ce spectacle doit être décoré, ne permettent pas d’avancer davantage les travaux. C’est le sieur Le Noir qui les conduit ; ce jeune architecte, déjà connu par le bâtiment de l’abbaye de Clairvaux, cherche à se distinguer dans cette occasion, et à étendre sa réputation sur un plus grand et plus brillant théâtre. On estime que cette salle coûtera quarante mille écus.

11. — Les mouvemens de M. le duc d’Aiguillon pour faire informer contre les auteurs des brochures que les presses ne cessent de vomir contre lui, ne paraissent pas