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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/416

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MÉMOIRES SECRETS

garde, il est venu un commissaire, qui, d’après les informations prises, a fait mettre au cabanon ledit compère ; et sur les plaintes subséquentes du magistrat à M. de Sartine, on était convenu que le soldat qui l’avait arrêté serait mis au cachot pour avoir fait sa charge avec une insolence dans laquelle il se croyait autorisé par l’incognito du personnage. Cette histoire est la matière des conversations sur laquelle on varie beaucoup suivant l’usage.

5. — M. Ferrein, médecin, professeur d’anatomie et de l’Académie royale des Sciences, vient de mourir[1] âgé de quatre-vingt-cinq ans. Il s’était fait une sorte de célébrité par une prétendue découverte que la voix était un instrument à vent et à cordes. Ses partisans même avaient nommé de son nom fides Ferrinei, certaines fibres qu’il regardait comme destinées à cet usage, et dont il voulait que la glotte fût l’archet. Il avait exécuté une machine artificielle, qui figurait assez bien son système, et répondait par diverses expériences aux objections qu’on pouvait faire ; mais le grand argument auquel il n’a pu résister, et qui a foudroyé absolument cette opinion nouvelle, c’est qu’il est démontré impossible en bonne physique que des cordes mouillées rendent du son. Depuis ce temps la réputation éphémère de ce docteur a de beaucoup diminué, et il est rentré dans une obscurité dont le brouhaha occasioné par ce système singulier l’avait fait sortir.

7. — Lettres cherakésiennes, mises en français de la traduction italienne, par J.-J. Rufus, sauvage euro-

  1. Le 5 mars, suivant le Mercure de France, et le 28 février selon la Biographie universelle. — R.