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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/440

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MÉMOIRES SECRETS

que les honoraires d’un auteur de pièce en cinq actes sont du neuvième de la recette, mais seulement tant qu’elle se joue de continuité et qu’elle n’est pas interrompue ; il est obligé de souffrir une diminution dans le cas contraire. Les Comédiens ont prétendu que M. de Belloy était dans le dernier cas. Celui-ci a soutenu que sa tragédie n’avait été arrêtée que par un événement dont la fatalité seule est due aux acteurs ; que la retraite de mademoiselle Clairon en ayant été la suite, il n’avait pu consentir à laisser reparaître son drame dénué de ce puissant secours ; ainsi il ne devait souffrir en rien de la faute ou de l’impertinence de la troupe. Cette querelle a réveillé l’animosité des contendans. Heureusement M. le maréchal duc de Richelieu a interposé son autorité et a forcé les Comédiens à rendre justice au Corneille moderne. Il est à craindre que tant de tracasseries multipliées ne le dégoûtent de la carrière dramatique, et ne l’empêchent de nous donner d’autres chefs-d’œuvre.

13. — On vient d’imprimer l’arrêté du Parlement de Normandie, en date du 16 mars dernier, concernant l’édit du mois de décembre, qui ordonne une prolongation du vingtième, etc., et qui a été enregistré au Lit de justice. Cette cour supplie le roi de retirer cet édit, et de ne pas imputer à désobéissance, si elle ne peut y obtempérer ; et, pour motiver son opposition, elle expose les raisons qui la forcent à ce refus. Elle s’appuie sur l’infraction qu’on a fait si souvent faire à Sa Majesté de sa parole royale, comme ne pouvant nullement rassurer les sujets sur la continuation d’un impôt aussi onéreux ; sur une administration vicieuse dont on ne peut cacher les erreurs et les bévues multipliées, et dont l’historique seul est la censure la plus formidable ; sur un édit pré-