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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/119

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JANVIER 1770.

Ces histrions avaient annoncé le drame en question avec les plus grands éloges, et l’un d’eux avait osé assurer l’avant-veille, en plein foyer, qu’il aurait un succès prodigieux. Quoique le public soit partagé à l’égard de la pièce, on paraît convenir généralement que c’est très-peu de chose, et qu’elle ne mérite pas l’annonce emphatique qu’en faisaient les acteurs. Elle est du sieur de Champfort, jeune homme qui mérite quelque encouragement.

30. — Les carrosses de madame la Dauphine font la curiosité du jour. Les amateurs vont les voir chez le sieur Francien, sellier, où l’on doit les emballer incessamment pour les envoyer à Vienne. Ce sont deux berlines, beaucoup plus grandes que les carrosses ordinaires, mais plus petites que ceux du roi. Elles ne sont qu’à quatre places. L’une est revêtue d’un velours ras cramoisi en dehors, où les quatre Saisons sont brodées en or sur les principaux panneaux, avec tous les attributs relatifs à la fête. L’autre est en velours bleu de la même espèce, et représente les quatre Élémens en or aussi. Il n’y a aucune peinture dans tout cela, mais l’ouvrage de l’artiste est d’un fini, d’un recherché qui équivaut presque à ce bel art. Les couronnemens sont très-riches : l’un des deux mêmes paraît trop lourd. L’impériale est surmontée de bouquets de fleurs en or de diverses couleurs, dont le travail n’est pas moins précieux. Ils sont d’une souplesse qui les fait agiter au moindre mouvement, et les rend flexibles au gré du plus léger souffle. Le sieur Trumeau est l’auteur de toute la broderie, aussi élégante que magnifique, et M. le duc de Choiseul, comme ministre des affaires étrangères, a ordonné ces