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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/183

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JUIN 1770.

du roi : « Mon neveu, voilà une belle occasion pour apprendre à lire. » C’est à la même cause qu’ils imputent sa fausse démarche, d’avoir été le lendemain à l’Opéra, sous prétexte de se justifier vis-à-vis du public et de démentir les faux bruits qui couraient à cette occasion.

— Des gens malins ont trouvé une anagramme sur le nom de M. Bignon, bien méchante et malheureusement trop juste.


Jérôme Armand Bignon :
Ibi, non rem, damna gero.


On prétend que cet hémistiche est tiré d’un vers de Juvenal.

17. — Les Comédiens Français doivent jouer incessamment une pièce nouvelle, qui a déjà été annoncée sous deux titres : l’Homme dangereux, et le Satirique. On ne nomme point l’auteur de ce drame. Bien des gens le mettent sur le compte du sieur Palissot : d’autres prétendent, au contraire, qu’il est dirigé contre lui. Quoi qu’il en soit, on en jugera au théâtre, et à l’œuvre on connaîtra l’ouvrier.

18. — Les spectacles de la cour se termineront mercredi par Tancrède et la Tour enchantée. Il paraît que Sémiramis ne sera jouée qu’à Fontainebleau. Cette Tour enchantée fait aujourd’hui l’objet de la curiosité des amateurs. C’est un drame à machines, dans un goût tout nouveau. Il n’y a que trois acteurs : la Princesse, un bon et un mauvais Génie. L’objet principal de cette fête est de retracer les combats de l’ancienne chevalerie et ces magnifiques tournois dont l’histoire nous a conservé les descriptions. Il y aura entre autres choses quatre chars traînés par des chevaux, des écuries du roi, exercés depuis long-temps à cet effet. On combattra à la