Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
JUILLET 1769.

du récit ordinaire, et les vers de suture du sieur de Saint-Foix ont paru tout-à-fait disparates ; il en a été de même du jeu des acteurs. Les uns ont joué divinement, d’autres à faire mal au cœur. Mademoiselle Dumesnil a fait une sensation si prodigieuse qu’elle a réuni tous les suffrages. Madame Vestris a fait le rôle d’Ériphile avec beaucoup de force et de vérité. Mademoiselle Dubois, parée comme une châsse, a paru plus chercher à se faire belle qu’à être tendre et ingénieuse comme la vraie Iphigénie. L’Achille et l’Agamemnon ont été très-froids, ce qui n’a pas peu contribué à indisposer le public et à lui faire trouver mauvaise la témérité des Comédiens.

— On a levé l’embargo qui était sur le Mémoire de M. de Lauraguais[1], et l’on en continue l’impression. En attendant que le public puisse en jouir, on en a répandu des précis, auxquels l’auteur a joint quelques réflexions sommaires contre l’ouvrage de l’abbé Morellet, qu’il accable de ses sarcasmes. On a de ce seigneur une Lettre à M. le duc de Choiseul sur ces matières, qui mérite d’être lue.

2. — M. de Voltaire, qui trouve sans doute que son Histoire du Parlement ne perce pas assez à son gré et fait encore peu de bruit, la désavoue une seconde fois dans une nouvelle lettre insérée au Mercure de ce mois, et annonce qu’elle est indécente et hardie. Il sent bien que ces qualifications exciteront encore mieux la curiosité des lecteurs, et c’est ce qu’il souhaite ardemment. Le peu de gens qui ont lu ce livre, extrêmement rare encore, disent que ce sont des annales tronquées, décousues, mal digérées ; des lambeaux arrachés de différentes histoires, et de celles même de M. de Voltaire ;

  1. V. 2 juillet 1769. — R.