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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/413

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JUIN 1770.

riche, après avoir mangé la rançon d’un roi, est tombée par son inconduite dans une indigence extrême, et est morte sans secours. Elle laisse deux fils, dont l’un capitaine de dragons, et l’autre capitaine d’infanterie, qui portent le nom et les armes des Fleury.

26. — Tout ceux qui ont été au spectacle de Choisy la semaine dernière, attestent combien la pièce de la Vérité dans le vin était grivoise et a fait rire madame la comtesse Du Barry. Sa Majesté n’a pas paru y prendre le même plaisir. Cette dame se livrait cependant à tout ce qui pouvait égayer le roi, et cherchait à le délasser des occupations du trône, en le faisant jouer avec un petit chien. Le souper a été fort agréable aussi. Le sieur Larrivée et sa femme ont chanté pendant tout le repas des chansons sur le même ton que la comédie. Le roi était à la table à ressort[1] avec douze convives, dont trois dames seulement, madame la comtesse Du Barry, madame la maréchale de Mirepoix et madame la marquise de Montmorency. Madame Du Barry a continué à s’occuper de tout ce qui devait amuser Sa Majesté. Elle était entre le roi et M. le duc de Duras. Ce seigneur, très-excellent convive, a paru d’une folie charmante, et, quoique un des ducs protestans, de la plus grande intimité avec cette dame. On n’admet pas communément des profanes à ces petits soupers : cependant, par extraordinaire, il y en a eu ce jour-là, qui ont rapporté des détails intéressans. On ajoute que le vin y coulait à grands flots, et que tout contribuait à rendre la fête charmante ; que madame Du Barry montrait ce désir de plaire qui prête des charmes aux femmes les moins séduisantes, et jette un nouveau lustre sur la beauté.

  1. V. 31 mai 1769. — R.