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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/52

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MEMOIRES SECRETS.

compte nous empêcher de mourir, n’a pas de quoi vivre, et qu’il est en ce point tout le contraire des grands médecins de Paris. Il supplie Monseigneur de vouloir bien avoir pitié d’un petit pays dont il fait l’unique espérance. »

M. Coste, muni d’un pareil passe-port, a été très-bien accueilli de M. le duc de Choiseul ; il a eu l’honneur de manger avec madame la duchesse, et ses appointemens, qui n’étaient que de cinquante écus, ont été portés à douze cents livres ; il a obtenu, en outre, une gratification de six cents livres pour son voyage.

24. — On a consacré la petite plaisanterie faite à M. l’évêque d’Orléans[1] par un divertissement allégorique, intitulé le Ballet des abbés. On sent qu’il ne peut avoir lieu que sur des théâtres particuliers : il a déjà été exécuté en plusieurs endroits.

25. — L’Académie Française a tenu aujourd’hui, suivant l’usage, sa séance publique pour la distribution du prix. L’affluence augmente de jour en jour à ces assemblées, et dès deux heures la salle était garnie. Les dames paraissent s’y plaire ; elles y étaient venues en grande quantité. Quand Messieurs sont entrés pour se mettre en place, on a été surpris de voir siéger parmi eux un abbé qu’on ne connaissait pas ; M. Duclos, le secrétaire de la compagnie, a éclairci l’embarras général, en annonçant que M. l’abbé était un Pocquelin[2], petit-neveu de Molière. Tout le monde a applaudi à cette distinction par des battemens de mains multipliés. Ensuite M. l’abbé de Boismont, directeur, après avoir fait une espèce d’amende honorable à Molière au nom de l’Académie, qui, le comp-

  1. V. 13 août 1769. — R.
  2. Cet abbé se nommait La Fosse et non Pocquelin. Voyez l’Histoire de la vie et des ouvrages de Molière, par J. Taschereau, p. 411 de la 2e édition. — R.