tant au rang de ses maîtres, le voyait toujours avec une douleur amère omis entre ses membres, a déclaré que pour réparer cet outrage autant qu’il était en elle, elle avait proposé son Éloge au concours des jeunes candidats ; que M. de Champfort avait mérité le prix ; que trois autres pièces avaient fait regretter aux juges de n’avoir qu’un prix à donner, et qu’une quatrième avait approché de très-près celle-ci. M. Duclos a cru devoir ajouter son mot, en disant qu’on ignorait les auteurs des Accessit, mais qu’on les invitait à faire imprimer leurs pièces pour que les connaisseurs pussent juger, approuver l’arrêt de l’Académie ou le casser ; il a ajouté modestement : « Nous nous croyons plus forts qu’un particulier, mais le public est plus fort que nous. »
Après tout ce préambule, M. d’Alembert a lu la pièce couronnée. Elle a fait une grande sensation dans l’assemblée, et a excité de vifs applaudissemens. Il y a infiniment d’esprit, de goût, de philosophie dans cet ouvrage ; mais il se sent encore de la jeunesse du candidat. Il manque de ce bel ordre, de cette unité, le premier mérite de tout discours : il n’est pas fondu comme il conviendrait : d’ailleurs il y a trop peu de faits. M. de Champfort s’est beaucoup appesanti sur l’auteur et n’a pas assez développé l’homme ; il a montré le génie de Molière sous toutes ses faces, et a glissé sur son âme, non moins digne d’être approfondie. La partie même du jugement des pièces est plus traitée en métaphysicien qu’en homme de l’art ; trop de dissection, de finesse, de subtilité. Les réflexions du panégyriste sont si atténuées, qu’elles échappent quelquefois à l’auditeur. Quelquefois on trouve du faux, du louche, du galimatias, des comparaisons recherchées pour la plupart. Le sujet est manié tantôt avec