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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/55

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AOUT 1769.

n’aura jamais l’élégance et la force de celle de M. de Mirabaud en prose.

29. — On vient de rendre public par la voie de l’impression le Procès-verbal de l’enlèvement du Conseil Souverain de Saint-Domingue, exécuté le 7 mars 1769. Ce procès-verbal rédigé par ces Messieurs à bord du senaut le Fidèle Jean-Baptiste, le 22 avril suivant, c’est-à-dire aussitôt qu’ils l’ont pu, est un monument qui consacrera à la postérité un des effets les plus dangereux du despotisme militaire. On est fâché, en lisant cette pièce, que les Remontrances de cette même compagnie, imprimées à la suite, en date du 24 dudit mois, ne répondent pas à sa situation et n’en peignent pas les horreurs avec cette éloquence mâle, dont plusieurs Parlemens ont en pareil cas soulevé l’indignation générale contre les auteurs de ces vexations révoltantes.

Suit une Lettre du Parlement de Bordeaux au roi, pour supplier Sa Majesté de faire juger ces magistrats par un Parlement, et non par une commission, tribunal toujours suspect et désavoué par nos lois. Cet écrit est faible aussi, et n’est pas digne du sujet qui intéresse l’honneur de toute la magistrature.

31. — Le discours que M. l’abbé Le Cousturier, chanoine de Saint-Quentin, a prononcé le jour de Saint-Louis dans la chapelle du Louvre devant messieurs de l’Académie Française, excite de grandes rumeurs dans la cabale des dévots, et renouvelle la fermentation qu’occasiona, il y a deux ans, celui de M. l’abbé Bassinet[1]. On reproche encore à l’orateur de cette année d’avoir fait un discours trop profane, d’avoir envisagé en Louis IX le monarque seul, sans parler du saint, d’avoir frondé

  1. V. 28 septembre 1767. — R.