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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/58

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MEMOIRES SECRETS.

2 de ce mois, la première représentation d’un petit drame en un acte, intitulé l’Amant déguisé, ou le Jardinier supposé. Les paroles sont de Favart, la musique de Philidor, et quelques triviaux et usés que soient et le titre et l’intrigue, cela ne peut manquer d’aller fort loin, à la faveur de ces noms, illustres sur la scène bouffonne.

6. — Une compagnie vient de former un établissement digne de la ville de Sibaris ; elle a obtenu un privilège exclusif pour avoir des parasols, et en fournir à ceux qui craindraient d’être incommodés du soleil pendant la traversée du Pont-Neuf. Il y aura des bureaux à chaque extrémité de ce pont, où les voluptueux petits-maîtres qui ne voudront pas gâter leur teint se pourvoiront de cette utile machine ; ils la rendront au bureau de l’autre côté, ainsi alternativement, moyennant deux liards par personne. Ce projet a commencé à s’exécuter lundi dernier. On annonce que si cette invention réussit, on est autorisé à former de pareils bureaux dans les autres endroits de Paris où les crânes pourraient s’affecter, tels que le Pont-Royal, la place de Louis XV, etc. Il y a apparence que ces profonds spéculateurs obtiendront aussi le privilège exclusif des parapluies.

On rappelle à cette occasion un projet beaucoup plus utile, dont on fournit le plan à M. de L’Averdy, lors qu’il était encore contrôleur-général ; c’était celui d’établir des brouettes à demeure à différens coins de rues, où il y aurait des lunettes, qui se trouveraient prêtes à recevoir ceux que des besoins urgens presseraient tout coup. On prétendait que celui-ci n’était qu’une dérision ; qu’un plaisant anonyme voulut persifler par là le ministère vil et minutieux de M. de L’Averdy. Les entrepreneurs promettaient de rendre une somme au trésor royal ; ce