Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
OCTOBRE 1769.

à charge et à décharge, dans lequel les Jésuites seront entendus pour se défendre, car je dois aux Jésuites, comme à tous les ordres religieux, justice et protection. D’ailleurs, le roi de Sardaigne et le roi de Prusse même m’ont écrit en leur faveur ; ainsi, je ne puis par leur destruction contenter quelques princes qu’au mécontentement des autres.

« 3° Je ne suis point propriétaire, mais administrateur des domaines du Saint-Siège ; je ne puis céder ni vendre Avignon, le Comtat et le duché de Bénévent. Tout ce que je ferais à cet égard serait nul, et mes successeurs pourraient réclamer comme d’abus.

« Au reste, je céderai à la force, et je ne la repousserais pas par la force, quand je le pourrais ; je ne veux pas répandre une seule goutte de sang pour des intérêts temporels. Vous êtes, Sire, le fils aîné de l’Église ; je connais la droiture de votre cœur, et je travaillerai volontiers seul à seul avec Votre Majesté sur les intérêts que nous avons à démêler ensemble. Je prie tous les jours pour votre prospérité, et je vous donne cordialement ma bénédiction apostolique. »

Ier Novembre. Il s’est trouvé à la poste une lettre ayant pour suscription : « Au Prince des Poètes, Phénomène perpétuel de gloire, Philosophe des Nations, Mercure de l’Europe, Orateur de la Patrie, Promoteur des Citoyens, Historien des Rois, Panégyriste des Héros, Aristarque des Zoïles, Arbitre du goût, Peintre en tout genre, le même à tout âge, Protecteur des Arts, Bienfaiteur des talens, ainsi que du vrai mérite, Admirateur du génie, Fléau des persécuteurs, Ennemi des fanatiques, Défenseur des opprimés, Père des orphe-