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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/82

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MEMOIRES SECRETS.

nécessaires pour mettre au moins en train ce projet. Louis XIV se rendit à ses sollicitations, et l’abbé de La Porte répandit cent mille écus de ses fonds, qui ont depuis été rendus à sa famille. Il est de l’intérêt du Chapitre de ne point laisser dans l’oubli un si bel exemple, et de rappeler des faits aussi intéressans, tous détaillés dans son épitaphe.

12. — On écrit de Rome qu’on a frappé une estampe allégorique et tout-à-fait plaisante. Elle représente le pape dans un berceau qu’agite doucement M. le cardinal de Bernis ; et au bas il est écrit : « Il a beau faire ; il me berce, mais il ne m’endormira pas. » On a attaché cette pasquinade, suivant l’usage, à la statue de Marforio. Elle n’a pas besoin de commentaire. L’auteur de la lettre, à cette occasion imagine une nouvelle charge, non moins vraie ; ce serait de représenter le cardinal dans le berceau, et le pape caressant le poupon et l’endormant véritablement.

13. — On a vu par la suscription[1] dont on a parlé jusqu’où va l’enthousiasme de certaines gens pour M. de Voltaire. Ses ennemis, toujours acharnés contre lui, viennent d’en faire la parodie la plus amère ; il est inutile de la rapporter, c’est précisément l’inverse de l’autre, c’est-à-dire une suite de toutes les qualifications injurieuses que peuvent enfanter la plus basse envie et la haine la plus active.

14. — On a répandu dans le monde une autre pasquinade contre le Très-Saint-Père, dans le goût de celles qu’on s’est souvent permises à Rome, adressée à Marforio. Elle a pour titre : Lettre très-canonique de M. l’abbé Francœur, licencié en théologie, au pape Clément XIV,

  1. V. 1er novembre 1769. — R.