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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/86

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MEMOIRES SECRETS.

est descendu aux cabanons, le troisième mois est ressuscité d’entre les morts, est monté au théâtre, et s’est assis à la droite de Voltaire, d’où il est venu juger les vivans et les morts.

« Je crois à Le Kain, à la sainte association des fidèles, à la confrérie du sacré génie de M. d’Argental, à la résurrection des Scythes[1], aux sublimes illuminations de M. de Saint-Lambert, aux profondeurs ineffables de madame Vestris. Ainsi soit-il ! »

22. — M. Robbé est un auteur très-connu dans le monde, par ses talens littéraires, par le genre érotique dans lequel il a excellé, et par un fameux poëme sur la vérole, qui n’est pas encore imprimé, mais qu’il a lu et relu si souvent que tout Paris en est imbu. Depuis quelques années ce poète revenu des égaremens de sa vie licencieuse, s’est jeté dans la dévotion ; mais étant d’un caractère ardent, il s’est attaché au jansénisme, a donné dans les convulsions[2], comme le genre de secte le plus propre à alimenter son imagination exaltée jusqu’au fanatisme. Dans cette effervescence de zèle, il a voulu tourner au profit de la religion un talent trop profané jusque-là ; il a entrepris depuis plusieurs années un poëme en cinq chants sur cette matière auguste. Cet ouvrage passe pour achevé et doit s’imprimer bientôt. Un caustique a fait en conséquence l’épigramme suivante :


Tu croyais, ô divin Sauveur,
Avoir bu jusques à la lie,
Le calice de la douleur :
Il manquait à ton infamie
D’avoir Robbé pour défenseur.

  1. V. 16 mars 1767. — R.
  2. V. 3 juin 1762. ― R.