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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/87

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NOVEMBRE 1769.

25. — On a parlé[1] dans le temps d’une facétie attribuée à M. de Voltaire, intitulée Supplément aux Causes célèbres, ou Procès de Claustre. Ceux qui ont lu le pamphlet savent combien le sieur La Borde Desmartres, sa femme (la demoiselle Boutaudon, nièce de l’abbé Claustre) et l’abbé lui-même, sont tournés en ridicule ; combien même ce dernier est peint sous des couleurs noires qui le font dignement contraster vis-à-vis le Tartuffe de la comédie. Madame Desmartres a écrit au philosophe de Ferney pour se plaindre à lui d’un procédé si injurieux et si peu conforme à son esprit de tolérance, à cet amour de l’humanité que respirent tous ses ouvrages. M. de Voltaire a répondu par un désaveu formel de la plaisanterie, et paraît bien aise, ainsi que madame La Borde Desmartres, que le public en soit instruit. En conséquence, on consigne ici cette protestation.

Lettre de M. de Voltaire à madame La Borde Desmartres.
Ferney, ce 18 septembre 1769.

« Madame, j’ai reçu les mémoires que vous avez bien voulu m’envoyer touchant votre procès. Je ne suis point avocat ; j’ai soixante-seize ans bientôt ; je suis très-malade ; je vais finir le procès que j’ai avec la nature. Je n’ai entendu parler du vôtre que très-confusément ; je ne connais point du tout le Supplément aux Causes célèbres dont vous me parlez. Je vois par vos mémoires, les seuls que j’aie lus, que cette cause n’est point célèbre, mais qu’elle est fort triste. Je souhaite que la paix et l’union s’établissent dans votre famille ; c’est la le plus grand

  1. V. 13 juillet 1769. — R.