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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/89

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NOVEMBRE 1769.

peuples. On établit que la vérité n’est pas moins nécessaire aux souverains qu’aux sujets ; comment la corruption et les vices résultent des préjugés des souverains ; quelles suites funestes a la vénération pour l’antiquité, c’est-à-dire le respect des hommes pour les usages, les opinions et les institutions de leurs pères ; que les préjugés religieux et politiques corrompent l’esprit et le cœur des souverains et des sujets ; que le citoyen doit la vérité à ses concitoyens. On définit la philosophie, les caractères qu’elle doit avoir, le but qu’elle doit se proposer, ce que c’est que la philosophie spéculative : on découvre les motifs qui doivent animer le philosophe, quel courage doit lui inspirer la vérité. On parle de l’antipathie qui subsista toujours entre la philosophie et la superstition ; de l’esprit philosophique et de son influence sur les lettres et les arts ; de la cause des vices et des incertitudes de la philosophie ; du scepticisme et de ses bornes. On prouve que la philosophie contribue au bonheur de l’homme, et peut le rendre meilleur ; quelles sont les vraies causes de l’inefficacité de la philosophie ; que la vraie morale est incompatible avec les préjugés des hommes ; et qu’enfin la vérité doit triompher tôt ou tard des préjugés et des obstacles qu’on lui oppose.

— Les amateurs de l’Opéra sont aujourd’hui calmés sur les craintes qu’ils avaient concernant mademoiselle Arnould. Cette actrice, par une audace sans exemple, avait manqué à Fontainebleau si essentiellement à madame la comtesse Du Barry, qu’elle s’en était plainte au roi. Sa Majesté avait ordonné que mademoiselle Arnould fût mise pour six mois à l’Hôpital : mais madame Du Barry, revenue bientôt à son caractère de douceur et de modération a demandé elle-même la grâce de celle dont