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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/88

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MEMOIRES SECRETS.

des biens. Il vaut mieux prendre des arbitres que de plaider. La raison et le véritable intérêt cherchent toujours des accommodemens. L’intérêt malentendu et l’aigreur mettent les procédures à la place des procédés. Voilà en général toute ma connaissance du barreau.

« Votre lettre, Madame, me paraît remplie des meilleurs sentimens. M. de La Borde, premier valet de chambre du roi, passe pour un homme aussi judicieux qu’aimable. Vous semblez faits tous deux pour vous concilier, et c’est ce que votre lettre même me fait espérer.

« J’ai l’honneur d’être avec respect, Madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.  »

26. — Le livre de l’Essai sur les préjugés, ou De l’influence des opinions sur les mœurs et sur le bonheur des hommes, ouvrage contenant l’apologie de la philosophie, par M. D. M***[1], est la meilleure preuve qu’on puisse fournir des progrès de la raison humaine depuis quelques années, et de l’énergie qu’elle a acquise chez ceux qui ont réfléchi sur les discussions multipliées de la morale et de la physique, que des sages infatigables ne cessent d’agiter et de répandre. On trouve dans ce traité complet, sous le titre modeste d’Essai, ce que c’est que la vérité, son utilité, les sources de nos préjugés ; que la vérité est le remède des maux du genre humain, qu’elle ne peut jamais nuire ; l’excellence de la raison et les avantages qu’elle procure. On examine si le peuple est susceptible d’instruction ; s’il est dangereux de l’éclairer ; quels maux résultent, au contraire, de l’ignorance des

  1. Par le baron d’Holbach. Ce livre a été plusieurs fois réimprimé sous le nom de Dumarsais, et en dernier lieu, à Paris, en 1822, dans le format in-18. — R.