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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/93

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DÉCEMBRE 1769.

6. — Mademoiselle Caron, aujourd’hui madame de la Sône, connue long-temps dans Paris comme maîtresse de M. le comte de Charolais, a eu deux filles de ce prince, qui, devenues grandes, sont en état d’être mariées. On qu’elles sont charmantes, pleines de talens, et très-propres à faire des passions. Un gentilhomme attaché à madame la princesse de Conti est à la veille d’en épouser une. Cette princesse, pour rendre le mariage plus honorable, a bien voulu solliciter des lettres de légitimation, qu’elle a obtenues. Ces lettres patentes ont été revêtues des formalités nécessaires, et les jeunes personnes s’appellent aujourd’hui mesdemoiselles de Bourbon.

Madame de la Sône est digne, à bien des égards, cette faveur : par son esprit, par ses grâces, par la manière distinguée dont elle vit et dont elle fait usage de la fortune que le prince lui a laissée, et par la bonne éducation qu’elle a donnée à ses filles. Elle demeure dans un couvent, avec toute la décence convenable à son état. Elle a rendu aujourd’hui le pain bénit à Saint-Nicolas du Chardonet, sa paroisse, dans toute la pompe possible.

M. Bouret, toujours inépuisable en fait de galanteries, a eu l’honneur de présenter à la fiancée une tabatière très-riche, mais surtout précieuse par une miniature exquise où il a fait représenter cette jeune bergère cueillant des lys : allégorie ingénieuse pour la circonstance, et qui caractérise parfaitement le goût fin de ce courtisan délicat.

7. — Extrait d’une Lettre de Rome du 20 novembre 1769.

« Le Saint-Père continue à s’occuper de l’administration intérieure de ses États, de la réforme des mœurs et des