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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/95

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DÉCEMBRE 1769.

de son épître par un désaveu. M. de Belloy, excédé de procédés indignes, a, dit-on, retiré sans retour ses deux tragédies de Gabrielle de Vergy et de Gaston et Bayard ; on assure qu’il va les faire imprimer avec un privilège dans lequel il sera expressément défendu aux Comédiens de Paris de les jouer sans sa permission ; permis au contraire à tous les comédiens, histrions, bateleurs généraux ou particuliers, français ou étrangers, de la jouer soit à Paris, soit en France, soit en Europe, ou dans telle partie du monde que ce soit. Il serait d’autant plus fâcheux que l’auteur fût obligé d’en venir à cette extrémité, que le style n’est pas l’endroit par ou brille M. de Belloy, et qu’à la lecture il perdra tout le mérite des situations, des coups de théâtre, des tableaux qu’il prodigue dans ses pièces avec autant de merveilleux que de fertilité.

10. — On a rapporté[1] les tracasseries qui ont été suscitées à M. l’abbé Le Cousturier par ses ennemis auprès de M. l’archevêque : il a eu le bonheur de faire revenir de sa prévention très-entêté ordinairement. L’Interdiction a été levée bientôt, et l’orateur en question a prêché le premier dimanche de l’Avent dans l’église de la Charité, pour laquelle il était désigné. Sa disgrâce passagère est un véhicule de plus à sa réputation, et l’on s’empresse d’aller entendre ce prédicateur censuré, avec la même avidité qu’on recherche un livre défendu et qui se vend sous le manteau,

12. — Un homme du monde ayant composé un opéra comique très-joli et du meilleur ton, intitulé la Baignoire, avant de le faire présenter à l’assemblée générale des Comédiens Italiens, l’a communiqué à quelques--

  1. V. 8 novembre 1769. — R.