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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/106

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ARISTIPPE

ſente par tout à eux, comme à cet ancien Malade, ſa propre figure, qu’il voyoit perpetuellement deuant luy. Ils ne ſe peuuent ſeparer des Affaires, pour les regarder, auec quelque liberté de iugement. Ils ne peuuent tirer de leur ame, leur raiſon toute ſimple, & toute pure, ſans la meſler, dans leurs paſſions : De ſorte qu’encore qu’ils deſcouurent vne Conjuration qui ſe forme, ils ne s’y oppoſent pas neantmoins, de peur d’offencer les Coniurez, & de laiſſer de puiſſans Ennemis à leurs Enfans. Ils n’ont pas le courage de proferer vne verité hardie, ſi elle eſt tant ſoit peu dangereuſe, à l’eſtabliſſement de leur fortune, quoy qu’elle ſoit tres-importante, au ſeruice de leur Maiſtre.

Infirme & miſerable Prudence ! Ils ne conſiderent pas qu’vn Eſpion, qui donne des auis, ne nuit pas dauantage qu’vne Sentinelle qui ne dit mot ; & qu’ils ſont auſſi bien cauſe de la perte du Prince, par leur ſilence, que les autres, par leur trahiſon : Ils ne conſiderent pas que le laiſ-