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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/122

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ARISTIPPE

te ſageſſe, ils peuvent differer la cheute, mais ils ne l’éuitent pas : Ils appuyent les ruïnes, qu’ils ne ſont pas capables de releuer : Ils gaignent pour le plus, quelques iours, ou quelques ſemaines, & tiennent les Affaires en eſtat, en attendant que de plus hardis qu’eux y viennent trauailler efficacement.

C’eſt vne remarque d’Ariſtote, que comme la viuacité de l’esprit d’Alcibiade deuint extrauagance, en la perſonne de ſes Enfans, la ſolidité de l’eſprit de Phocion, ſe changea en peſanteur, quand elle descendit de luy à ſa Race. Mais diſons plus qu’Ariſtote : Diſons que la ſageſſe de ces Ministres n’attend pas ſi long temps à degenerer, en foibleſſe, en langueur, en laſcheté : Auant que de paſſer ainſi corrompuë à leurs Enfans, & à leur Poſterité, elle ſe gaſte des la ſortie de leur ame, & ſans en venir à l’action ; Elle paroist foible en leurs propoſitions, & en leurs conſeils, qu’on ne peut appeller, ni prudens, ni ſages, ſans parler improprement, ſans faire