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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/121

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OV DE LA COVR

Ils conſiderent touſiours que les actions des hommes ſont expoſées à beaucoup d’inconueniens, & ne conſiderent iamais, que tout le mal qui peut arriuer n’arriue pas : Soit que Dieu le deſtourne, par ſa grace ; ſoit que nous l’eſquiuions, par noſtre addreſſe ; ſoit que l’imprudence du Parti contraire en rompe le coup ; eſtant tres-vray que nos fautes nous iettent ſouuent, en des perils, d’où celles de nos Ennemis nous tirent. Mais eux prenant les choſes au pis, & preſuppoſant, pour certains, tous les accidens qui ſont douteux, ils reglent leurs deliberations, comme s’ils deuoient tous auenir, & d’ordinaire n’agiſſent point, pour vouloir agir trop ſeurement.

Au moins n’enfoncent-ils gueres les affaires, & ne les conduiſent que rarement à leur dernier point. Ils ſe contentent d’vne legere mediocrité de ſucces, & du commencement de leur bonheur. Ils n’oſent s’en promettre la continuation, iuſqu’à la fin de la moindre choſe. Tellement qu’auec leur froide, & leur peſan-