Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/124

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y sejourner. Ils se trouvent bien dans le Mal, pourveû que le Mal ne les presse pas, & qu’ils en reculent la derniere extremité. Ce leur est assez que la Mort soit remise à une autre fois, & que cependant, on les laisse jouïr de quelque intervalle de mauvaise Vie. Sans doute ils seroient de l’opinion du Poëte Espagnol, qui disoit que la Fievre quarte estoit une bonne chose ; parce qu’avec elle, on estoit asseuré de vivre un an ; pour le moins de vivre six mois ; pour le moins de ne mourir pas de mort subite.

Ce n’est donc pas regner, ce n’est pas vaincre, ce n’est pas triompher, ce qu’ils font : C’est seulement vivre, & encore vivre d’une estrange sorte. C’est passer du matin à l’apresdisnée ; c’est se traisner jusqu’au lendemain. Leur gouvernement n’est ni paix, ni guerre, ni trefve : C’est un repos de paresse ; c’est un somme d’assoupissement, qu’ils procurent au Peuple par artifice, & qui n’est, ni bon, ni naturel.

Ils ne sçavent point guerir ; ils sçavent