Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/136

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force à bon marché, ils ne peuvent s’empescher de faire voir leur naturelle foiblesse. Ils ne voudroient pas perdre l’amitié de ceux, dont ils ravissent le bien ; & en mesme temps, ils craignent & offensent les mesmes personnes. Ils s’entretiennent avec tout le monde, par des responses generales, & qui n’obligent point precisément. On ne part jamais mal satisfait d’aupres d’eux. Ils ne bravent, ni ne rebutent jamais personne. Ils ne donnent que de belles paroles, & de bonnes esperances.

A celuy qui leur demande justice, ils font des civilitez, & des complimens : ils presentent des roses & des violettes à qui a besoin de pain. Apres vous avoir tenu un an en longueur, vous promettant de jour à autre, de vous donner contentement ; à la fin quand vous les pressez de la conclusion, ils vous prient de leur dire ce que c’est, & vous font voir que toutes les fois que vous avez parlé à eux, ils n’ont jamais eu dessein de vous escouter.