Aller au contenu

Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
OV DE LA COVR.

ſelon que la matiere le deſiroit, ou que Monſieur le Landgraue l’exigeoit de luy. Il y auoit plaisir à ouïr vn Philoſophe parler de la Cour ; & ſi ce Sophiste qui ſe rendit ridicule deuant Annibal n’euſt pas plus mal-parlé de la Guerre, ie m’imagine qu’Annibal ne ſe fuſt pas moqué de luy.

Les affaires publiques ſont ſouuent ſales & pleines d’ordure : On ſe gaſte pour peu qu’on les touche : Mais la ſpeculation en eſt plus honneſte que le maniment : Elle ſe fait auec innocence & pureté. La Peinture des Dragons & des Crocodiles, n’ayant point de venin qui nuiſe à la veuë, peut auoir des couleurs qui reſiouïſſent les yeux ; Et ie vous auouë que le monde qui me deſplaiſt tant en luy-meſme, me ſembloit agreable & diuertiſſant, dans la conuerſation d’Ariſtippe.

En cette conuerſation, habile & ſçauante, comme dans vne Tour voiſine du Ciel, & baſtie sur le riuage, nous regardions en ſeureté, l’agitation & les tempeſtes du Monde. Nous eſtions Spectateurs des Pie-