Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/214

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choses justes & possibles ; que pour elle, elle n’avoit accoustumé d’entreprendre que les injustes, & les impossibles.

Combien de malheurs, à vostre opinion, en suite de celuy-là ? Combien se commettent de violences à l’ombre de cette injuste Fortune ? Et le Courtisan a-t’il un Valet, qui ne croye avoir droit de mal-traitter les personnes libres, & d’estre impunément outrageux, en alleguant le nom de son Maistre ? Y a-t’il des gens aupres de luy, qui pour le moins ne pillent, s’ils s’abstiennent de tüer ; qui ne vendent sa veüe & ses audiences ; qui ne s’enrichissent que du rebut de son avarice, & des superfluitez de sa Maison ?

Cependant le Prince ne peche point, & ne laisse pas d’estre le Coupable : Son ignorance ne luy peut point estre pardonnée : Sa patience n’est point une vertu ; & le desordre, ou qu’il ne sçait pas, ou qu’il endure, luy est imputé devant Dieu, tout de mesme que s’il le faisoit. Et partant, avec beaucoup de raison, le Prince,