Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/83

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tant donc rendu à l’assignation qu’elle luy donna, &, par malheur, ne l’ayant pas trouvée telle qu’il se l’estoit figurée, il luy tesmoigna d’abord son desgoust, & se separa d’elle, presque aussi tost, avec peu de satisfaction. Cet affront fut senti si vivement par celle qui le receut, & qui n’avoit pas mauvaise opinion de son merite, qu’elle protesta à l’heure mesme de s’en vanger. Et ne le pouvant mieux faire qu’en corrompant la fidelité de son Mari, & le desbauchant du service de son Maistre, elle usa pour cela de tous les charmes de son esprit, & de son visage. Elle employa, sur une ame credule, les plus subtiles inventions, dont est capable une ame artificieuse. Et ne doutez point que dans la chaleur de sa vengeance, elle n’eust voulu avoir une infinité de Maris, pour faire une infinité d’Ennemis au Roy, & pour tirer raison, avec plus d’espées, de l’offense qu’elle croyoit en avoir reçeuë.

Ainsi Meleagre quitta le service du Roy,