Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/96

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On ne sçauroit croire, combien la Raison s’égare ; Je parle de la plus droitte, & de la mieux eclairée ; & combien les Hommes se trompent ; Je dis les plus habiles, & les plus intelligens. Qu’il y a loin des paroles à la chose, & que ce n’est pas tout un, de produire que de concevoir ; d’executer que de discourir !

Dans la conception, & dans le discours, il semble que tout rit, & que tout veut plaire : Il n’y a que de la joye, & du chatoüillement, pour l’esprit, qui fait un exercice agreable, en cherchant ce qu’il desire, & croyant avoir trouvé ce qu’il cherche. En cet estat là, il reçoit comme les premiers plaisirs de l’amour : Il gouste les douceurs, qui naissent des nouvelles Opinions, & de la descouverte de la Verité, ou de quelque chose qui luy ressemble. Tant que l’esprit pense, & tant qu’il raisonne, personne ne le trouble, en la possession de son objet : Il est maistre des desseins, & des entreprises : Il court apres de belles idées, qui se laissent prendre,