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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/98

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ARISTIPPE

feu, par voſtre flegme. N’vſez pas de toute voſtre raiſon : Ne ſoyez pas tout intelligence, & tout lumiere. Faites-vous beſte quelquefois, ou pour le moins semblable à la beſte : c’eſt à dire arreſtez-vous au plus proche obiet, & ioüiſſez, d’auiourd’huy, ſans vous tourmenter tant de, demain. Ne vous laiſſez point accabler l’eſprit à cette Preuoyance infinie, qui va chercher les maux, iuſqu’au bout du Monde, & iuſques dans la derniere Poſterité, qui ſe iette ſi auant dans l’Auenir, qu’elle en quitte le Preſent, & abandonne les choſes qui ſont, pour celles qui peuuent eſtre. »

N’avez-vous point oüi parler de l’ame de ce Philoſophe, laquelle d’ordinaire ſortoit de ſon corps, pour aller faire des courſes, & des voyages ? Vn iour que cette ame vagabonde voulut retourner, comme de couſtume, elle ne trouua plus de corps, qui fuſt en eſtat de la recevoir, parce que le ſien auoit eſté aſſaſſiné, dans l’interualle qu’elle s’eſtoit éloignée de luy. Si la Grece n’eſt pas menteuſe, ce pauure