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Les lacs sont habités par la troupe des cygnes,
Qui semblent frissonner sous nos soleils pâlis,
Et l’ombre du feuillage a les marbres insignes
Dont un grêle rayon baise les pieds polis.


III

Ces filles de la Grèce aux allures profanes
Écartent en riant les cheveux du bouleau ;
Et, cherchant le repos dans les flots diaphanes,
L’escalier des palais plonge son pied dans l’eau.

Sur la vague s’agite une légère écume,
Comme celle où, parmi les dauphins entraînés,
Pleine, ainsi que les flots, de charme et d’amertume,
Aphrodite jaillit des flots rassérénés.

(Dans la conque de nacre, avec ses pieds timides,
Vierge elle caressait les Grâces et les Jeux,
Et les purs diamants et les perles humides
Ruisselaient de sa bouche et de ses blonds cheveux.)

Voici les bois sacrés à la Mélancolie
Où, mêlant à la brise un murmure confus,
L’oranger, le laurier, le myrte d’Idalie
Accueille mille oiseaux dans ses dômes touffus.