Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/144

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   A laissé ramasser son cœur par Arlequin,
   Un don Juan de hasard, qui, gracieux et leste,
   Fait chatoyer sur lui tout l’arc-en-ciel céleste !
   Restez, dit la Raison ; fuyez, leur dit l’Amour !
   Par les champs d’épis mûrs, baignés des feux du jour,
   Par les noires forêts, par l’azur des grands fleuves,
   Ils vont ! Mais soutenus dans toutes ces épreuves,
   Le feuillage s’éclaire au bruit de leurs chansons ;
   Un repas sort pour eux du milieu des buissons ;
   Sur leurs pas, que dans l’air suivent des harmonies,
   Des barques et des chars, poussés par les génies,
   Leur offrent un abri sous des voiles flottants,
   Et tout leur réussit, parce qu’ils ont vingt ans !

                Chanson

                            I
              Ce roman-là, c’est la vie !
              Que, sous le manteau des bois,
              L’âme et la lèvre ravie
              Vont épeler à la fois !
              Dans leur humeur vagabonde,