qui, abandonnant au vent sa blonde chevelure, brandissait contre les moulins sa lance romantique ?
Pour l’intelligence générale du livre, je dois dire que, bien
que né le 14 mars 1823 et ayant publié les cinq mille vers de mon
premier recueil Les Cariatides en 1842, j’ai tout à fait appartenu
par mes sympathies et par mes idolâtries à la race de 1830. J’ai
été et je suis encore de ceux pour qui l’Art est une religion
intolérante et jalouse ; je pense encore que, la France étant
surtout et avant tout une nation de chevaliers, de poëtes et
d’artistes, celui-là est chez nous le plus patriote qui exalte le
plus ardemment la poésie élevée et les sentiments héroïques. Je
partage avec les hommes de 1830 la haine invétérée et
irréconciliable de ce que l’on appela alors les bourgeois, mot
qu’il ne faut pas prendre dans sa signification politique et
historique, et comme signifiant le tiers-état ; car, en langage
romantique, bourgeois signifiait l’homme qui n’a d’autre culte que
celui de la pièce de cent sous, d’autre idéal que la conservation
de sa peau, et qui en poésie aime la romance sentimentale, et dans
les arts plastiques la lithographie coloriée. Aussi ne devra-t-on
pas s’étonner