Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
ODES FVNAMBVLESQUES.


(Elle jetait au vent sa tête fulgurante,
Pareille à la toison d’une angélique miss
Dont l’aile des steam-boats à la mer de Sorrente
Emporte avec fierté les cargaisons de lys !)

― « Chère âme, » répondit le rêveur sacrilége,
« J’irais la nuit, tremblant d’horreur sous un manteau,
Blême et pieds nus, voler ce talisman, dussé-je
Ensuite dans le cœur m’enfoncer un couteau. »

Cette fois, par exemple, on éclata. Le rire,
Sonore et convulsif, orageux et profond,
Joyeux jusqu’à l’extase et gai jusqu’au délire,
Comme un flot de cristal montait jusqu’au plafond.

C’est un hôte ébloui, qui toujours nous invite.
La fille d’Ève eut seule un éclair de pitié ;
Elle baisa les yeux de l’enfant, et bien vite
Lui dit, en se penchant dans ses bras à moitié :

― « Ami, n’emporte plus ton cœur dans une orgie.
Ne bois que du vin rouge, et surtout lis Balzac.
Il fut supérieur en physiologie
Pour avoir bien connu le fond de notre sac.