Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
ODES FVNAMBVLESQUES.

Et, quant à s’en passer, je sais ce qu’on y risque ;
J’ai fait pour toi l’achat d’une jeune odalisque.
Celle qui part était infirme à force d’ans :
Elle boitait ; la mienne a ses trente-deux dents,
L’œil vif, le jarret souple : elle est blanche, elle est nue,
Charmante, bonne fille, et de plus inconnue.
Elle a le col de cygne et les trente beautés
Que la Grèce exigeait de ses divinités,
Et ce ne sont partout, sous sa robe qui pouffe,
Que cheveux d’or, que lys et que roses en touffe.
La voilà présentée, et, mon bras sous le sien,
Nous allons tous les deux, pareils au groupe ancien
D’une jeune bacchante agaçant un satyre,
Du mieux que nous pourrons jouer à la satire.
Nous savons, aussi bien que feu Barthélemy,
Sur sa lyre à dix voix trouver l’ut et le mi.
Allons ! parmi les chants, les cris et la tempête,
Ô ma folle, ô ma Muse, embouche ta trompette
Qui fouette les carreaux comme un clairon de Sax ;
Sur ton front chevelu mets le casque d’Ajax,
Galope et fais claquer sur les peaux les plus chères
Ton fouet et son pommeau ciselé par Feuchères !
Lesbienne rêveuse, éprise de Phyllis,
Tu n’as pas, il est vrai, célébré S……,