Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/88

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Et Nourmahal honteuse, au bout de chaque phrase,
Ramenait sur son cou sa tunique de gaze.
― « Permettez, dit Medjnoun, entrant à la Talma,
Qu’ici je vous salue, et que j’emmène ma
Maîtresse ; il se fait tard, et notre chambre est prête. »
Medjnoun fut le jour même admis à la retraite.
   O frères de don Juan ! dompteurs des flots amers,
Qui dérobez la perle au sein meurtri des mers,
Vous dont l’ardente lèvre eût bu jusqu’à la lie
Les mystères sacrés de Gnide et d’Idalie,
Avec vos doigts sanglants fouillez l’œuvre de Dieu,
Et vous ne trouverez jamais, sous le ciel bleu,
Si chaste lèvre, encor pleine de fleurs mi-closes,
Dont la pâle Amitié n’ait effeuillé les roses !
   Toi qui, depuis longtemps, avec ton pied vainqueur,
As foulé pas à pas les replis de mon cœur,
Blonde Évohé ! tu sais si j’aime le théâtre.
Polichinelle seul peut me rendre idolâtre,
Et, lorsque nous prenons des billets au bureau,
C’est pour voir, par hasard, Giselle ou Deburau.
Pour la grande musique, elle est notre ennemie ;
Les Lauriers sont coupés et J’aime mieux ma mie,
Avec la Kradoudja, suffisent à nos vœux,
Et le moindre trio fait dresser nos cheveux.