Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/92

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   Le cocher s’est trompé. Nous sommes au Gymnase.
Un peuple de bourgeois, nez rouge et tête rase,
Étale des habits de Quimper-Corentin.
Un notaire ventru saute comme un pantin,
Auprès d’un avoué chauve, une cataracte
D’éloquence ; sa femme est verte et lit L’Entr’acte.
Elle arbore de l’or et du strass à foison,
Et renifle, et sa gorge a l’air d’une maison.
Auprès de ce sujet, dont la face verdoie,
S’étalent des cous nus, pelés comme un cou d’oie
Plumée ; et, pêle-mêle, au long de tous ces bancs
Traînent toute l’hermine et tous les vieux turbans
Qui, du Rhin à l’Indus, aient vieilli sur la terre.
J’apprends que l’un des cous est fille du notaire.
   O ciel ! voici, parmi ces gens à favoris,
Un vieux monsieur qui porte un habit de Paris.
Il a l’air fort honnête et reste bouche close ;
Adressons-nous à lui pour savoir quelque chose.
C’est une occasion qu’il est bon de saisir.

                                *