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noms étalés dans les ridicules bulletins de la Commune, ont attiré sur le nom polonais en général l’animosité des Français.

Deux jours après la compression de la révolte, un avis de l’autorité militaire, affiché dans Paris, annonçait que de la maison No 16 de la rue de Tournon on avait tiré sur les troupes, que la maison avait été fouillée, et qu’on y avait découvert comme coupables deux Polonais ; qu’on y avait trouvé ensuite des matières incendiaires d’autant plus dangereuses qu’il y a dans la maison une librairie ; enfin, que les deux Polonais avaient été immédiatement fusillés. Rien n’a contribué autant que cette affiche à provoquer dans le public un vif ressentiment contre les Polonais.

Or il est aujourd’hui parfaitement avéré que personne n’a tiré de cette maison sur les troupes ; tous les voisins l’attestent : ç'a été une fausse dénonciation. Quant aux matières incendiaires, c’étaient quelques litres de pétrole qui servaient à l’éclairage de la librairie et qui étaient là depuis le premier siège. L’un des Polonais fusillés, Wernicki, a servi dans la garde nationale sous la Commune ; mais l’autre, Dalewski, était un jeune homme tranquille, doux, modeste, instruit, qui abhorrait la Commune et blâmait ceux de ses compatriotes qui se sont engagés à son service. Il logeait dans la maison et dirigeait la librairie. Par bonté de cœur, il avait donné chez lui l’hospitalité à l’autre, qui, à l’entrée de l’armée dans Paris, venait de quitter les rangs de l’insurrection. Il a cruellement payé cet acte d’imprudente charité.