Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/161

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Nous fîmes aussi plusieurs voyages pour reconnaître les côtes voisines du continent et de la Terre de Feu ; la première tentative fut infructueuse. J’étais parti le 22 à trois heures du matin avec MM. de Bournand et du Bouchage dans l’intention d’aller jusqu’au cap Holland et de visiter les mopillages qui pourraient se trouver dans cette étendue. A notre départ il faisait calme et le plus beau temps du monde. Une heure après il se leva une petite brise du nord-ouest, et sur-le-champ le vent sauta au sud-ouest, grand frais. Nous luttâmes contre ce vent contraire pendant trois heures, nageant à l’abri de la côte, et nous gagnâmes avec peine l’embouchure d’une petite rivière qui se décharge dans une anse de sable protégée par la tête orientale du cap Forward.

Nous y relâchâmes, comptant que le mauvais temps ne serait pas de longue durée. L’espérance que nous en eûmes ne servit qu’à nous faire percer de pluie et transir de froid. Nous avions construit dans le bois une cabane de branches d’arbres pour y passer la nuit moins à découvert. Ce sont les palais des naturels de ce pays ; mais il nous manquait leur habitude d’y loger. Le froid et l’humidité nous chassèrent de notre gîte, et nous firmes contraints de nous réfugier